Interview pour Sodapop.it

Bonjour, et merci beaucoup pour votre disponibilité. J'ai écouté « Phantasma » et j'ai été littéralement envoûté par l'intensité et le son de Verset Zero : aimeriez-vous tout recommencer depuis le début ?

Quand et où avez-vous commencé à concevoir Verset Zero ?

Hi,

Le projet est né au printemps 2014. Je vivais à l'époque dans le sud de la France, plus exactement à Vicdessos en Ariège un petit village dans les montagnes assez loin de tout. Je composais de la musique électronique (Industrial Techno/ Detroit Techno) depuis un petit moment déjà, et je me produisais assez souvent dans des clubs du sud de la France aux côtés d’artistes internationaux majeurs (Robert Hood, Tommy Four Seven, Speedy J…). Mais ce milieu commençait à me lasser et j’avais envie de proposer quelque chose de nouveau sur scène, mais aussi dans mes compositions, quelque chose de plus personnel. J’ai toujours composé une musique très noire et brutale, mais avec ce nouveau projet je voulais aller encore plus loin, proposer quelque chose d’encore plus sombre, avec des influences plus large notamment venant du black-metal, du noise ou encore du drone, avec une esthétique affirmé ce qui ne se faisait pas trop dans la musique électronique. Mes influences venaient notamment à cette époque d’artistes comme Whitehouse, Burzum, Mayhem, NON, SunnO))), Perc ou Aphex Twin. À ce moment la je ne pensais pas encore que ce projet prendrait le tournant qu’il a pris en 2019, Verset Zero était encore à ce moment la, un projet de musique électronique.  

Votre image, votre imagerie et votre aura semblent être si sombres qu'elles atteignent une sorte de pureté et d'incorruptibilité. Mais quelle est votre intention artistique ? Perturber, déranger, ouvrir des portes à l'intérieur de l'auditeur ou simplement le frapper et l'anéantir ?

D’un point de vue esthétique je voulais proposer une image forte, cohérente, belle mais aussi provocante intimement liée à la musique que je créais. Ma culture première venait de la musique rock et métal, j’ai grandi dans cette imagerie et cette musique avec des groupes comme les Rolling Stones, ou Led Zeppelin par le biais de mes parents, puis vers 11 ans avec Marilyn Manson, NIN, la vague métal des années 90/00 et encore plus tard avec tout le Black Metal Inner Circle. 

Il est très important pour moi de préciser ici que je vivais dans ce petit village, sans ordinateur, sans accès à internet jusqu'à mes 17 ans faute de moyens, et que donc, toute cette culture musicale se faisait par le biais des magazines et de quelques amis. On était tous issu d’un milieu modeste, et moi tout particulièrement, chacun d’entre nous avait ses groupes préférés, on allait chez le disquaire une fois par mois; il se trouvait à 100km de notre village, dès qu’on revenait un des mes amis copiait les Cds et on se partageait cela. On vivait cette culture à travers les disques et leurs pochettes, les DVD, les T-shirts et bien sûr les magazines. J’ai été le premier d’entre nous à aller à un vrai concert de metal, mes parents m’ont amené jusqu'à Madrid pour un festival ou jouaient Marilyn Manson, Slayer, Dillinger Escape Plan, et bien d’autres, c’était en 2005 j’avais 16 ans. 

L’imagerie Chrétienne m’a également énormément marqué, bien sûr par sa beauté première, mais aussi par son paradoxe. En effet cette religion prônant l’amour de son prochain, la paix et la fraternité propose dans son iconographie et ses écrits, violence, mort et morale d’un autre âge. Quand Verset Zero à vu le jour, il était important pour moi d’y inclure tout cette imagerie. Peu d’artistes de musique électronique arboraient un corpse paint des crânes et une esthétique religieuse/antireligieuse sur scène.

Dans votre carrière, vous avez opéré une mutation importante, passant de la sphère électronique à la sphère métal pour ainsi dire, en conservant l'intensité et l'identité mais en ne changeant grosso modo que votre instrumentalisation. Qu'est-ce qui vous a amené à ce tournant dans « Kerygma » fin 2020 ? Des écoutes, des réflexions ou des tactiques différentes par rapport au passé ?

Musicalement parlant cette mutation s'est faite assez naturellement. J’ai compris que j’avais acquis suffisamment de technique et de références pour composer absolument tout mais surtout de pouvoir retranscrire ma musique en étant seul sur scène. J’ai donc franchi le pas.

J’ai eu dans ma carrière de nombreuses déceptions venant du milieu électronique qui, d’un point de vue très personnel, est devenu un milieu de Poser. C’est une musique qui évolue avec la tendance et extrêmement rapidement via les technologies, qui se cherche une valeur politique, rebelle et contestataire mais qui au final ne reste que purement commerciale. Les artistes naissent aussi vite qu’ils disparaissent. Bien sûr il y’a des exceptions, bien sur que j’aime encore cette musique mais avoir des ambitions carriéristes dans un milieu aussi creux n’était plus pour moi. On est désormais très loin du mouvement des années 80/90. 

J’ai déménagé à Paris et c’est en 2018 que j’ai commencé à composer « Kerygma » et à marquer ce changement musical.  Ma musique est devenue plus organique, plus instrumentale, j’ai commencé à écrire et enregistrer des voix, et j’ai voulu accentuer l’aspect structurel des morceaux avec des compositions plus orienté black-metal, mais aussi des compositions avec des structures classique couplet/refrain/break.

J’ai également rencontré à cette période le duo d’artistes Fortifem qui m’a permit de jouer avec des groupes majeurs de la scène metal française comme Alcest, Perturbator ou Hangman’s Chair lors de la soirée Major Arcana au Trianon a Paris.  Après cela, le point de non retour était franchi. Verset Zero ne serait plus un projet de musique électronique mais un projet de Post-Metal au sens large du terme. 

La vrai difficulté pour moi à était de faire comprendre aux labels, aux organisateurs aux médias et à une certaine partie du public que l’ont pouvait faire du « métal » sans forcément avoir le schéma classique d’une formation groupe, et que mon projet n’était pas une lubie de « fanboy » surfant sur une tendance. J’ai souvent du pallier avec le mépris de ces personnes qui ne me voyaient que comme une attraction visuelle, un DJ ou un Poser. Pour beaucoup de monde on doit être un virtuose, et voir quelqu’un comme moi qui ne sait pas jouer parfaitement d’un instrument, et qui n’a pas une voix incroyable, ne mérite pas cette place. Heureusement que j’avais de mon côté le soutien inconditionnel de mon agence de booking et d’artistes influents de la scène (Je pense notamment à Fortifem, Primitive Man, Perturbator, Regarde Les Hommes Tomber, Ivar Nikolaisen de Kvelertak, ou encore il y’a peu Ho99o9). Cela m’a permis de garder le moral, la force de tenir et de me dire que j’avais fait le bon choix. 

"Phantasma" semble littéralement exploser grâce à une force très humaine, presque une intériorité qui, lorsqu'elle est montrée, résonne sans médiation ni filtre. Cette liberté vous appartient-elle aussi en dehors de la musique ? Qu'est-ce qui distingue l’homme de Verset Zero ?

J’ai voulu faire de Verset Zero quelque chose qui dépasse la personnification. On suit, au fil des albums, un héros sans visage, avec ses peurs, sa colère, son amertume. Il peut être vous, tout comme moi. Il est vrai que dans « Phantasma » j’ai laissé un peu plus parler mes émotions. L’album traite de l’amertume de notre héros qui dans ses rêveries d’homme entre la vie et la mort doit faire un choix crucial: rester dans ce monde métaphysique ou ce dernier est en paix mais, étant omniscient voit la fin de notre humanité, ou bien, revenir sur terre dans un monde qu’il déteste et s’accrocher à ses objectifs passés et au peu de lumière qu’il à connu pour tenter de changer cette fin funeste. J’évoque dans « Phantasma » de nombreux sujets mais surtout, le deuil du personnage face à sa propre mort, l’acceptation de celle-ci, mais aussi l’incompréhension du monde dans lequel il vit, et du monde tel qu’il sera.

La réalité rejoint la fiction.

En effet, lors de la production de cet album, mon père est tombé gravement malade. J’ai donc composé cet album dans un climat assez sombre et dur, loin de famille. Mon père est décédé 3 mois avant la sortie de « Phantasma ». 

Je suis également extrêmement touché par notre monde. J’ai du mal à envisager une évolution positive de notre humanité. Nous sommes désormais dans un monde manichéen où la nuance n’existe presque plus. J’ai exprimé ça et là ce sentiment dans l’album. 

Verset Zero est en quelque sorte l’extrapolation de mes doutes, de mes peurs, de mes angoisses, de mes incompréhensions mais surtout de ma colère et de ma haine. Je fais en sorte de ne pas en dire trop de façon à ce que chacun se reconnaisse dans ces émotions et dans les propos de l’album. Il est important pour moi de garder une intimité. Verset Zero et moi-même sommes forcément intimement liés. Mais je suis dans la vie privée, je pense, quelqu’un de plutôt sociable et qui savoure la vie sans vouloir trop penser à tout ce monde négatif, bien que celui-ci me ronge à petit feu.   

Comment votre MOI artistique est-il perçu par votre entourage, par le monde qui vous entoure est-il source de connotation, de curiosité, de distance ou votre monde personnel est-il quelque chose que vous ne partagez pas avec votre monde réel ?

Il’ya forcément un aspect un peu paradoxal quand on a un projet musical extrêmement et sombre comme le mien. Les gens qui ne me connaissent pas personnellement me voient comme quelqu’un d’assez mystérieux, notamment avec l’esthétique que je travaille sur mes réseaux sociaux ou encore avec mes clips, et photos, ou on ne voit jamais clairement mon visage… Lors des concerts je suis souvent assez nerveux, donc assez discret, souvent dans ma loge à boire un verre ou sur mon telephone. Il y’a quelques « légendes » qui sont sortie de l’imaginaire des gens, comme quoi j’étais fasciste, homophobe, que je faisais des rituels, des messes noires, que j’étais dans le BDSM, ou encore dans le catholicisme ou le satanisme… tout est évidement faux, et plus que tout l’aspect fasciste et homophobe. Je suis un juste gars fasciné par les arts sombres, et qui joue avec certains codes et une certaine imagerie religieuse. 

Concernant mes proches, ils sont assez impressionnés par la charge de travail que j’effectue dans Verset Zero. Car je fais absolument tout, de l’administratif à la création, la direction artistique des clips, des photos, la composition, l’écriture, le mixage des albums, etc etc… mais aussi quelquefois surpris par cette facette très négative et sombre que je laisse transparaître, car dans la réalité je suis quelqu’un de plutôt extraverti et sociable, je sors énormément j’ai eu une enfance heureuse, j’ai pas mal d’amis, je suis avide de culture et de connaissances. Tout va globalement bien même si je peux avoir un aspect froid au premier abord. 

Ensuite il a évidemment les intimes, ma mère, ma copine, mes amis d’enfance… qui eux me connaissent vraiment et perçoivent un peu plus mes fragilités, mon fatalisme et ce qui me touche. 

Dans votre projet et dans beaucoup d'autres que j'aime et que j'ai aimés, comme Johnny Cash ou Fausto Rossi, mais aussi Ovo, ce qui me conquiert et les rend indispensables, c'est l'intensité et la totalité de leur dévouement à la musique pendant certaines phases de leur carrière. Si vous deviez réfléchir aux figures, non purement musicales et non purement artistiques (ou même aux événements) qui vous ont poussé vers cette intensité, seriez-vous capable de les nommer et de nous les décrire ?

A titre personnel, personne ne m’a vraiment inspiré ou influencé dans mes choix de carrière. Mais il est vrai que j’admire les artistes, et les gens qui vont jusqu’au bout de leurs idées et qui restent intègre quitte à se mettre a danger. Je pense notamment à Johnny Cash, Lemmy, ou dans d’autres registres Andy Kaufman ou Alan Turing. J’ai pris beaucoup de risques dans ma carrière et dans ma vie personnelle pour me consacrer à ce projet. J’ai refusé des tournées avec de gros artistes parce que leurs propositions n’étaient pas respectueuses de ma musique. J’ai refusé des dates ou des sorties sur des labels car ils me demandaient de m’adapter à eux. J’ai également fait le choix il y’a peu d’arrêter de travailler pour me consacrer uniquement à Verset Zero, ce qui m’a mis dans une situation personnelle délicate. J’ai tout arrêté après le lycée pour me consacrer à la musique, j’ai collectionné les petits boulots, je suis partie loin de ma famille et j’ai consacré la majeure partie de mon argent a créer mon studio ou mon projet. J’ai très (peu être trop) souvent mis ma vie personnelle de côté pour ce projet. 

Je suis quelqu’un de passionné et j’aime vivre intensément, j’arrive bien trop souvent prés du point de rupture. Comme je le disais, j'ai grandi dans un milieu modeste avec une réalité des fois compliquée. Je pense notamment à ma petite soeur qui à un handicap sérieux, ma mère s’en occupe en très grande partie seule depuis 30 ans, et je sais qu’un jour je devrai prendre le relais, je pense que d’une certaine manière cela aussi m’a aussi poussé à me lancer dans ce projet musical de façon radicale tant que je peux être encore totalement libre d’attaches et de responsabilités majeures. J’espère encore ne pas m’être trompé sur certains points. L’avenir nous le dira. 

Quel effet votre musique a-t-elle sur vous ? Cathartique, calmante, énergique, un exutoire, autre chose ?

Verset Zero à un effet Cathartique sur moi. La musique fait partie de ma vie. Elle est mon amour, ma maîtresse, ma meilleure amie, ma pire ennemie. Elle est la raison de mes joies, comme de mes peines. Elle me fait rêver comme elle peut me terroriser. Composer, écrire, être sur scène, partager avec le public est une des choses qui me rend le plus heureux au monde. Je voue ma vie à la musique depuis que j’ai 14 ans, j’ai rencontré des gens fabuleux grâce à cela, j’ai voyagé grâce à cela, j’ai gagné de l’argent, j’en ai beaucoup perdu aussi, j’ai partagé des émotions, et je me suis ouvert à l’autre, et je me suis trouvé en tant que personne. Avec ce qu’est devenue Verset Zero, c’est un aboutissement pour moi. J’avais toujours rêvé de faire partie d’un projet de métal… ma situation géographique à l’époque, le manque de moyens, ne me le permettaient pas. Je travaille désormais avec des groupes dont je suis admiratif et je suis extrêmement fier de tout ce que j’ai pu faire seul. « Phantasma » est à mes yeux, l’aboutissement de Verset Zero et de tout ce que j’ai voulu faire depuis que j’ai commencé à m’intéresser à la musique. 

Sur les réseaux sociaux, Verset Zero se présente comme " Un verset secret venu du fond des âges " et " Le verset secret de la Sainte Bible " et en lisant les titres et en regardant les graphisme et les photos que vous postez sur Instagram, l'imagerie religieuse semble avoir beaucoup d'importance dans votre travail. Quel est le poids de l'idée de "sacré" dans Verset Zero ?

La religion (et je parle bien ici de toutes les religions, pas seulement de la chrétienté) est extrêmement importante pour moi, la notion de sacrée également, car justement je méprise les deux. 

Dans la région, l’iconographie est intimement liée au propos. C’est ce que j’ai voulu faire avec Verset Zero, que l’image ne fasse qu’un avec la musique et donc le propos. La parole de dieu est sacrée, intouchable, incontestable, tout comme la parole de ces institutions qui se servent de cela pour écraser des peuples et des minorités toujours plus faibles me dégoûtent. La religion symbolise pour moi les maux de notre société et de notre monde. On revient sur des droits élémentaires comme l’avortement au nom de Dieu, on tue en son nom, on viole en son nom, on éradique des cultures en son nom, on l’utilise comme raison génocidaire, et cela depuis la nuit des temps. La religion accentue les disparités de l’humanité. La place de la femme est encore une fois réduit à son statu reproductif. Et je suis effaré de voir qu’en 2024 tout cela n’est pas prêt de s’arrêter. 

Je pense que rien ne devrait être sacré. Tout est contestable, et nous devons à mes yeux constamment remettre en cause notre façon de voir le monde et les institutions, religieuses ou non. Rien n’est définitif, rien n’est tout noir ou tout blanc. Mais j’aime jouer de ses codes « sacré », faire de Verset Zero un culte, un paradoxe, critiquer, souiller quelque chose dont je reprends les codes. Je me moque de la religion mais je caricature également un peu le milieu du métal en reprenant ses codes. Cette admiration et cette dévotion extrême que peuvent avoir certains fans envers leurs idoles peut être ridicule. Ils ne comprennent même pas qu’ils font partie du problème. Je pense notamment à ce genre de personnes qui brandissent la bannière du Wokisme pour tabasser et cancel des artistes qu’ils apprécient peu, mais dés que leur idole est accusée de la même chose (à tort ou à raison), ferment les yeux.  

On voit bien ici que le curseur du « sacré » est là où on veut bien le mettre. 

Par rapport aux travaux précédents, Phantasma semble s'orienter vers des sonorités plus Metal Industriel, mais tellement ralenties et dilatées qu'elles parviennent à l'auditeur déjà presque dissoutes, comme si vous aviez métabolisé un grand nombre d'écoutes et les aviez rendues sous une forme qui dépassait déjà les genres de référence. Quel est le processus qui vous a conduit à développer ce son ? Avez-vous changé d'approche dans la composition des morceaux ?

J’ai toujours cherché à avoir un son « unique », reconnaissable. Depuis « Kerygma » je travaille énormément les textures de ma basse. Elle est l’élément clef de ma musique. Elle l’est donc naturellement dans « Phantasma ».  J’ai passé des heures à faire des réglages et des combinaisons de pédales pour obtenir ce son. On est dans une extrême assez proche du sound-design. Mais il était aussi important pour moi de ne pas en faire trop, de ne pas surproduire les basses et ma voix de façon à ce qu’on retrouve cette même identité sonore en live. 

Je n’aime pas me mettre dans une case ou qualifier mon son de « métal-industriel » car je ne me reconnais pas dans cette scène que je trouve bien trop souvent caricaturale. Et je trouve que le terme est devenu générique… dès qu’un artiste inclut de la musique électronique à du métal: C’est du métal Industriel. J’aime la musique Industrielle depuis toujours, comme Throbbing Gristle, Godflesh, Vatican Shadow, WhiteHouse, Aphex Twin. Mais je ne me sens en aucun cas proche de Rammstein ou Ministry. 

Mais il est évident qu'avec Phantasma » j’ai accentué le marqueur « Métal » de mon projet. Mes influences majeures pour cet album viennent du Black, du Grind, du Sludge mais surtout du Doom. Et je me sers de la musique électronique pour donner un aspect martial, noise, ambient voir rituel et épique à ma musique. Je pense que c’est ce mélange d’influences qui me permet d’avoir une identité difficilement définissable, et c’est pour cela que me définit plus comme « Post-metal » (même si la aussi on a un style qui est devenue un style fourre tout), car ce genre englobe plus de groupes qui influent réellement comme Amenra, Neurosis, ou Cult Of Luna. 

Mais il est évident que mon approche de la composition à changé. J’ai voulu proposer quelque chose de plus personnel mais qui peut également être plus abordable de part leurs structure musicale et leurs sonorités plus « rock/metal » je pense notamment aux morceaux « L’Esprit Noir «  (featuring Ivar Nikolaisen), « Triptyque », ou encore « Les Horizons Mélancoliques » (featuring Perturbator). L’écriture à totalement changé la dimension de Verset Zero, ainsi que le travail de la voix, notamment le jeu entre voix gutturale et les screams aigu qui se répondent. J’ai également voulu laisser place à l’émotion et à des moments calmes, a des silences, des mélodies que je ne travaillais que trop peu avant. Tout cela donne à « Phantasma » une dimension plus touchante mais aussi plus élégante en un certain sens. 

Lors de vos dernières apparitions sur scène, vous avez partagé la scène avec des artistes post-industriels (Trepaneringsritualen, Kollaps) et des groupes de métal extrême (Primitive Man). Personnellement, j'ai toujours apprécié les concerts qui m'offraient des groupes de genres différents unis par une attitude commune, mais de votre point de vue, y a-t-il un domaine auquel vous pensez appartenir plus qu'un autre ? Quelles ont été les réactions du public à vos prestations ?

Je fais désormais partie de la scène métal ». Je joue beaucoup plus avec des groupes issues de cette mouvance, je rejoins Marduk a Stockholm en mars, j’ai aussi joué avec Bolzer ou Messa par exemple. Mais à mes yeux, tous les artistes avec lesquels j’ai joué sont liés, et globalement on retrouve le même public. Cet été j’ai pu jouer au Brutal Assault ou encore en première partie d’Ho99o9, et j’avoue que là j'ai eu une pression différente. Ho99o9 est un groupe extrêmement efficace en live, et d’une énergie folle. J’ai rarement vu un groupe éclater une fosse comme ils le font. Et ouvrir pour eux était un vrai défi. Je pensais que le public ne serait pas forcément ouvert à ma proposition musicale, car très lourde et martiale. Et ce fut tout le contraire. C’est l’un des meilleurs concerts que j’ai pu faire. Public extrêmement réceptif, dès le premier morceau, je les ai fait partir avec moi. Et c’est d’ailleurs après ce concert que les gars d’Ho99o9 m’ont proposé de bosser un morceau pour leur EP. 

C’est à ce moment-là que j’ai compris que les lignes bougeaient. La scène des musiques extrêmes change. On voit de plus en plus de projets musicaux entrer dans la scène « metal », et d’artistes majeur de cette scène proposer des sides project assez novateur et différents, Godlfesh (JK Flesh), Ethan Lee McCarthy de Primitive Man (Many Blessings), Iggor Cavalera (Petbrick) ou encore Amenra (CHVE, Doodseskader). Comment ne pas citer Jesus Piece qui explose tout en ce moment et qui brise beaucoup de codes. J’ai la chance d’arriver dans une période où la scène métal s’ouvre à des styles plus complexes et diversifiés. Il y’a un renouveau depuis peu, et l'on retrouve une nouvelle jeunesse dans le pit. Je pense notamment à des groupes comme Turnstile, et j’irais même jusqu’à Yungblud qui ont réussi à séduire un public beaucoup plus jeune et qui font une parfaite porte d’entrée vers les musiques extrêmes comme pouvait le faire Korn en 94. On le voit aussi avec l’affiche du Hellfest cette année, ou l’on retrouve des groupes comme GGGOLDDD, Wargasm, ou Chelsea Wolfe. Et bien sur le Roadburn qui casse énormément de code depuis un moment déjà. Le public évolue, on retrouve des jeunes de 16 ans à des concerts, on retrouve aussi un public plus mature, plus à l’écoute des silences et plus enclin à la nouveauté, aux mutations et aux expériences musicales. Ma musique est donc beaucoup plus acceptée de la part du public même si certains acteurs (booker, label, orga etc…) veulent encore gérer cette industrie d’une main de fer et « ne veulent pas prendre de risque ».  Ça fait bien trop longtemps que beaucoup de professionnels ont troqué leurs couilles contre la facilité et le profit.   

Qu'est-ce qui nous attend dans l'avenir du Verset Zero ?

Je ne veux pas en dire trop, on ne sait jamais de quoi demain sera fait, surtout de nos jours. Mais je peux déjà vous dire qu’un Ep sortira courant avril/mai à l’occasion des 10 ans de Verset Zero. C’est un Ep de face B de l’album, avec 4 tracks originaux, mais aussi des remixes de « Phantasma » par des artistes que j’apprécie venant d’horizons différents (Rap, Metal, Noise, Synth Wave, Industrial). L’idée est de proposer quelque chose d’un peu différent de l’album, des choses que je ne pouvais pas faire sur « Phantasma » par manque de cohérence avec ce dernier.

Ensuite une tournée est prévue pour 2024.

Je prépare actuellement de profonds changements pour la version Live du projet, mais rien ne sortira de ce côté avant 2025.

Pour terminer je pense à la suite de « Phantasma ». Il y’aura forcément un nouvel album dans le même esprit, de nouveaux clips etc… mais ça même moi je ne sais pas encore quand.